mardi 29 mai 2012

Alles in Ordnung?

-Alles in Ordnung? que la serveuse me demande avec un beau sourire pendant que je corrige au café sur la place du marché... Tout va bien pour vous?

Ben ouais... ça va, ça va. Y'a huit mois j'osais pas vraiment aller prendre un café toute seule pour éviter de devoir parler avec un allemand douteux de base. Y'a huit mois, je serais encore moins venue le prendre ici sans un plan de la ville pour être certaine de pouvoir retrouver ma maison et mon école ensuite. Y'a huit mois, j'étais sûre que le monsieur avec la moustache qui vend des oeufs sur la place en faisant de la promo avec son coq Moritz était toujours en colère... Je me demandais qu'est-ce que j'étais venue faire dans un pays où j'entendais perpétuellement des gens parler autour de moi sans que ça ne fasse de sens... un bourdonnement perpétuel de non-sens. Y'a huit mois j'avais encerclé le 31 mai 2012 dans mon agenda avec un gros surligneur mauve en me disant que c'étaient juste huit petits mois à passer ici, loin de Simon, des amis, de la famille.

Aujourd'hui, au café, j'ai déchiré le petit coin inférieur droit de la page du 29 mai dans mon agenda, et puis j'ai tourné. Ah. Ah ben... Ben non ça va pas. Le gros 31 mai mauve qui me fait une sale face. J'ai refermé l'agenda puis j'ai regardé autour de moi. Les allemands dans le café, quelques touristes qui photographient la même chose que moi en octobre dernier, le marché et même Moritz le coq. Ça va me manquer. On a beau avoir des cafés, des touristes, des marchés et des coqs, ce ne sera pas ceux de Mayence et faudra l'accepter. NON, ça va pas, je n'ai aucune envie de laisser tout ça, de quitter cette ville, ce travail, ces amis, cette langue, cet appart en haut de la colline St-Étienne. Mais j'ai quand même répondu : -Ja, danke schön à la serveuse, parce que ça d'l'air que ça se fait pas de supplier une inconnue de faire sauter tous les avions de la British Airways pour éviter de pouvoir retourner à Montréal. Ils m'ont dit ça...

Ne vous en faites pas, je ne reviendrai pas en dépression, je déconne et j'ai très très hâte de tous vous revoir. C'est aussi pour ça que j'ai quand même hâte de débarquer à PET dans un peu plus d'une semaine. Une chance que vous êtes là. L'été québécois n'a rien à envier à personne, en plus! Il me faudra juste un temps d'adaptation, car pour moi, ce huit mois aura passé comme huit semaines.

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